Dans les régions intérieures du pays, la vie associative dans divers domaines, en particulier celui de la culture, est confrontée à des aléas qui peuvent nuire sérieusement à son épanouissement et peut-être même à sa survie, alors même que les acteurs sur place fondent de grands espoirs sur leurs initiatives pour promouvoir le potentiel local dans le domaine de leurs activités.
En quête de fonds et de subventions
Nous avons vu, la semaine dernière, l’exemple du festival du printemps à El-Guetar et les arguments sur lesquels ses fondateurs s’appuient pour faire prévaloir la pertinence de leur démarche.
La première édition de ce festival s’est déroulée en mars 2O13. Depuis, l’association à l’origine de cette initiative a pu en tenir 7 autres (compte tenu de l’interruption imposée par le Covid-19). A chaque tour, les organisateurs ont enrichi le programme de sorte à faire de cette manifestation une authentique fête populaire à l’organisation et au déroulement de laquelle ils sont parvenus à associer la population avec d’autant plus de conviction et d’enthousiasme que la localité avait été, en 2012, proclamée « ville touristique » par le ministère de tutelle.
Et compte tenu du formidable patrimoine naturel, historique et culturel dont dispose El-Guetar, ce statut n’a pas été usurpé. Mais voilà : cet argument n’a pas suffi aux pourvoyeurs de fonds pour soutenir les ambitions des planificateurs locaux.
De quoi peut bien vivre et se développer un festival à caractère culturel en Tunisie ? Des maigres recettes qu’il parvient à réaliser sur place de divers services et activités payantes, mais surtout des subventions provenant de donateurs locaux (entreprises à caractère industriel ou commercial) et centraux (administrations en lien avec la nature de la manifestation, dans le cas d’espèce les départements de la Culture et du Tourisme).
Des sources se raréfient, d’autres se font tirer l’oreille !
Aujourd’hui, tout le pays passe par des difficultés économiques et financières. Cela explique le serrage des cordons de pratiquement toutes les bourses. Cela a des incidences directes sur les subventions accordées à des activités jugées à tort « périphériques ». Non seulement les sources se raréfient mais, souvent, même celles qui se sont engagées se font tirer l’oreille pour tenir leurs promesses, plaçant ainsi les organisateurs dans des situations intenables.
C’est dans cette position que se retrouve aujourd’hui le bureau directeur du Festival du printemps qui évoque la possibilité de rendre le tablier, faute de moyens pour tenir des engagements pris pour l’organisation de la dernière édition et pouvoir préparer la prochaine édition sur la base de projections fiables.
Etant donné la conjoncture, faut-il envisager la suppression, à l’intérieur du pays, de toutes les manifestations culturelles en difficulté financière ? Quelles incidences psychologiques, sociologiques et économiques d’une telle perspective ? Nous reviendrons sur ces questions la semaine prochaine.